Des femmes turques en tenue de sortie, s’apprêtant à embarquer pour l’autre rive de la capitale ottomane, un célèbre panorama urbain hérissé de minarets… La composition, efficace, est de celles qui faisaient rêver les amateurs européens en cette fin du XIXe siècle. Et ceux d’aujourd’hui également, comme en témoigne la belle enchère de 39 000 € misée sur ce paysage de François-Léon Prieur-Bardin, intitulé Le Port à Constantinople. Un petit maître, certes, mais dont la cote lors de ses apparitions en salles des ventes, ne cesse de grimper, comme en témoignent également ces 40 000 € au marteau enregistrés le 16 juin 2015 chez Leclère, à Marseille, pour une vue semblable. Son secret ? Probablement l’authenticité, car il ne s’agit pas de paysages fantasmés, destinés à séduire une clientèle en mal d’exotisme et peu regardante. Prieur-Bardin travaille d’abord à Paris et devient sociétaire des Artistes français dès 1896. Mais fasciné par l’Orient, il s’installe à Istanbul, alors Constantinople, et y demeure jusqu’en 1901. Il en profite aussi pour parcourir la Turquie, livrant des toiles au thème maritime, une spécialité déjà éprouvée à Marseille et à Venise. Cependant, sa préférence se porte sur les vues du Bosphore, où il excelle et qui font sa réputation. Il n’est pas le premier : avant lui Alexandre-Gabriel Decamps et Charles Vacher de Tourn mine en ont décrit les rivages enchanteurs, bordés de villages et de yali, ces villégiatures où les riches Ottomans vont se reposer. L’artiste, lui, a saisi notre scène depuis la rive asiatique, à Scuteri, appelée aujourd’hui Uskudar. À l’horizon se dressent, du côté européen et sur la colline de Topkapi, les grands monuments de la ville : SainteSophie, la Mosquée bleue, et celle de Soliman le Magnifique, miroitant dans la lumière matinale…
FRANÇOIS-LÉON PRIEUR-BARDIN (1870-1939), LE PORT À CONSTANTINOPLE, 1900, HUILE SUR TOILE, 48 X 73 CM. FRAIS COMPRIS : 48 750 €. ANTIBES, SAMEDI 30 AVRIL. CARVAJAL SVV.